vendredi 25 février 2022

La cour des mirages

 



Elle dépliait, repliait le linge de façon automatique.

Les deux sœurs étaient là, assises à l'embrasure d'une entrée sans porte, l'une faisant rouler sa semoule entre les doigts recouverts de dessins  de henné verdâtre et l'autre essayait peinement de plier un vieux pantalon.

Les deux enfants étaient tout à coté. Ils jouaient à se lancer des excréments que les  moutons avaient laissés sur le sol lors de leur dernier passage.

A côté de ce corps sans forme, une pile immense de linge jonchait le sol. Un relent de bouse de vache étouffait l'atmosphère. Les sœurs semblaient ne pas être incommodées par l'odeur. Elles vivaient là depuis si longtemps avec leurs bêtes. On pouvait retrouver ces mêmes déjections de moutons, écrasées, à même les 3 marches qui les séparaient de la cour. La cour des mirages. Celle qui chaque année recueillait le sang des moutons égorgés pour l'Aïd[1] , celle qui s'était vue marquée des pas et des passages d'une grande famille, celle qui ouverte sur le ciel ne laissait cependant passer aucun rayon de soleil. L'étable était attenante à cette cour .Des moutons et des vaches y vivaient aussi, ils étaient les locataires majoritaires de cette maison sans porte. Les murs étaient sales, toujours humides et troués d'ouvertures menant vers d'autres espaces pathétiques et pauvres.

En face de la pièce où se trouvaient ces deux femmes, il y avait une soi-disant chambre. En son milieu un lit à barreaux métalliques souriait bêtement à l'ambiance glauque et glaciale des lieux. Un lit censé recevoir des corps chauds et fatigués, mais imposant et terne et il ne suscitait aucune envie de repos. Pourtant il était réputé pour être un conteneur, un porteur d'espoir et de vitalité. Face à cet objet grinçant de vieillesse, une armoire en vieux formica blanche et marron se vantait maladroitement. Sa serrure béante, déchirée, laissait apparaitre une structure métallique assez ancienne. A gauche de l'armoire, un tas de matelas faits main garnis de laine de mouton, devaient servir à coucher tout le monde à même la dalle brute.

 

Elles semblaient toutes les deux plongées dans leurs tâches, le regard concentré et lointain. Les enfants criaient et se disputaient l'espace, si petit. L'une tenta de se lever pour ranger, dans l'armoire de la pièce de vie, les vêtements déjà pliés. Ses mains vinrent se poser sur ses hanches comme pour contenir la masse du corps qui risquait de s'abaisser. Elle était grosse et manquait, pour se relever, de force et d'élan. Elle ne semblait pourtant pas intimidée par ce poids, bien au contraire. Pour elle, chaque mouvement représentait un défi. A moitié redressée, elle enfila ses pantoufles durement, elle savait qu'elle allait y arriver, comme toujours. Tant de gestes redondants et répétitifs. Un soupir accompagna son mouvement, suivi d'une incantation religieuse, sait-on jamais se disait-elle, si je meurs à l'instant, au moins j'aurai fait ma prière. Son regard se posa alors sur la pile de linge posée sur un petit tabouret artisanal creusé par l’usure humaine. Elle se baissa à nouveau tout en gardant une main sur une des hanches, ramassa sa pile et se releva lentement en s'aidant du bras que l'autre femme lui offrit. Debout, à moitié recourbée, elle étala son regard triste et résigné vers la table, non loin de là, qui allait lui servir de support pour les vêtements. Elle avança, les yeux concentrés et douloureux .Elle posa son fardeau sur la table, elle aussi en formica rouge écarlate. Elle attendit un instant avant de reprendre son souffle puis se dirigea vers l'armoire et en ouvrit les deux portes symétriques. Sur l'étagère des couches de papiers autocollants se détachaient. A droite étaient posés des bols ébréchés, de vieux verres de toutes les formes, de toutes les tailles, sans organisation ni logique. Elle empila ce qu'elle pouvait amonceler et fit de la place. Elle dépoussiéra une partie vide avec une de ses mains et y déposa le linge. Elle referma les portes et s'abaissa pour ouvrir les battants du bas qui grinçaient misérablement. Elle tira un autre petit tabouret, s'y assit. Elle déposa le linge restant sur le tas déjà existant et referma les portes tant bien que mal. Combien de fois avait-elle fait ces gestes dans sa vie?

Elle resta là quelques secondes les jambes fléchies. Elle reposait son corps et son regard s'évada. Elle pensait probablement qu'il faudrait recommencer ces taches dans quelques jours. Entre temps elle laverait à la main le linge de ses enfants et de son mari. Elle se voyait, à même le sol, dans la petite cour, une guesra[2] en fer en guise de réceptacle d'eau, du savon en poudre inodore, une vieille brosse et une petite planche pour frotter, frotter. Son corps dirigé vers le petit couloir d'entrée extérieur comme pour échapper à son univers clos. Ses gestes, toujours les mêmes, concentrée sur ses mains portant l'histoire de sa vie. Des mains qui portent l'usure de son corps; des mains dépossédées, inexpressives et pourtant pleines d'amour et d'attente. Elle refuserait de penser à sa condition, acceptant ces gestes récurrents et nécessairement vitaux. Sans maudire, elle priera pour qu'il ne pleuve pas.

 

Dans cette maison, vivaient sept enfants et un mari, puis cette sœur que le «destin» avait voulu soustraire à la règle de la fécondité. Cette sœur qui était venue s'installer avec eux depuis la mort de leur mère. Elle n'avait donc pas d'enfant et passait son temps à s'activer sur des tâches purement «féminines», enfin elle n'imaginait pas une seconde qu'un homme puisse les exécuter. Quel déshonneur ce serait pour elle!

A l'aube, au chant du coq, ces deux femmes se levaient et démarraient leurs automatismes quotidiens pour fuir la conscience. Pendant que l'une s'activait à préparer le petit déjeuner de son mari qui passerait sa journée dans la boutique qu'il tenait à côté, l’autre tirait du lait des vaches pour les enfants. Il fallait ensuite faire manger tout le monde, débarrasser, laver la vaisselle. Pour économiser l'eau qui manquait souvent, les enfants se servaient du lait en buvaient dans la même tasse.

Puis ils sortaient, pendant qu'elles poursuivaient leur labeur: laver le linge, fabriquer le beurre, nettoyer les toilettes extérieures six fois par jour, débarrasser l'étable des excréments des bêtes, les nourrir, elles aussi, empiler les matelas, préparer le déjeuner pour tous, coudre le linge déchiré...étaient les activités principales et pas vraiment gratifiantes de ces deux femmes. Quelquefois les trois filles de la maison leur venaient en aide, pour préparer les plats, le pain maison. Ces activités exerçaient une emprise sur leur esprit. Pendant ce temps, elles ne pouvaient pas penser. En avaient-elles le droit?

 

Elle resta là figé, le regard dans le vide, sa respiration s'arrêta presque quand sa sœur l'interpela lui demandant un peu d'eau tiède pour la graine qu'elle était en train de rouler entre ses doigts. Elle sortit de sa torpeur, hébétée .Elle se leva difficilement, s'aida de ses mains qui se posèrent sur ces deux genoux. Elle exerça une traction des bras et doucement souleva sa tête pour ajuster son regard afin de trouver son équilibre un instant. Toute sa vie ne fut que déséquilibre et réajustement. Puis debout, elle s'empressa de saisir une vieille casserole rouillée posée au dessus l'armoire. En trainant ses pieds, elle se dirigea vers les quelques marches qui la séparaient de l'extérieur. Elle les descendit lentement en s'appuyant au mur. A quelques mètres de là se trouvait un grand tonneau en plastique bleu qui contenait les eaux de pluie. Il n'y avait pas de lavabo, ni d'arrivée d'eau. Elle prit de l'eau, rinça sa casserole et en but un petit peu, histoire d'éveiller ses sens engourdis. Il fallait à présent réchauffer l'eau. Elle escalada à nouveau les marches, non sans mal et posa sa casserole d'eau sur la gazinière posée à droite de l'entrée. Elle saisit une boite d'allumettes et en frotta une pour allumer le feu. Elle ne voulut pas souffler sur l'allumette tout de suite. Elle attendit que la flamme atteigne ses doigts pour qu'elle se mette à gesticuler afin de l'éteindre, comme si elle avait besoin de sentir la douleur pour témoigner de sa propre existence.

A présent elle attendait les réactions de l'eau. Elle se demandait quand est ce qu'elle allait bouillir. Elle plongea alors son regard sur le calendrier au dessus de la gazinière, jauni et sale de gras. Un calendrier qui affichait 1994.Le temps s'était-il arrêté pour elle? Quelques minutes passèrent, le temps de l'ébullition, presque une éternité. Elle prit la casserole et la posa à même le sol, près de sa sœur. Un merci discret se fit entendre. Elle sembla ne pas l'avoir perçu. L'esprit sûrement occupé encore par les tâches suivantes.

 

Soudain, on entendit un cri, des cris. Son regard tremblait, elle secoua sa tête, retira les plis de sa gandoura qu'elle avait relevée en l'accrochant à sa large culotte. Elle ajusta son foulard sur la tête et attendit, apeurée. C'était l'homme de la maison. Le mari. Sa voix s'amplifia pour signaler aux femmes son arrivée imminente. Toutes deux se regardèrent, les yeux remplis de lassitude et du dégoût habituel. Elles savaient qu'elles n'allaient pas être tranquilles et qu'il fallait accélérer la cadence. Les pas approchèrent franchement. Il y avait deux personnes, devinèrent-elles, elles avaient affiné, à force, leur sens de l'ouïe. Elles percevaient les vibrations sur la dalle. L'une continua à rouler sa graine qui devenait de plus en plus douce et grasse. Ses mains aux gestes sensuels semblaient traduire cette satisfaction. L'autre pensait déjà au vacarme qui allait suivre. Le mari arriva avec un jeune homme inconnu de la famille et sans mot dire, sans présentation. Tout deux détournèrent le regard de ces femmes qui, elles les fixaient discrètement afin de lire l'humeur du moment sur le visage de l'homme de la maison. Celle qui se trouvait debout souffla doucement, afin de laisser filer les dernières inquiétudes. Le mari saisit un pichet d'eau en plastique, le remplit d'eau de pluie; il versa l'eau sur les mains de l'invité, qui se lava à même la cour, en son centre. Il se toiletta aussi et jeta le pichet au sol. Sa femme s'agita dans la cuisine, mit la table très vite, apeurée, son corps ne la gênait plus. Il semblait que la lourdeur de sa masse corporelle avait disparu. Elle ne pouvait pas montrer sa plainte, ses douleurs, se répétait-elle souvent. Une femme se devait d'être docile, et ne pas montrer ses faiblesses. Ils s'assirent, elle les servit, comme elle servait l'homme tous les jours. Ils ne disaient rien. Les expressions et les humeurs étaient leur seul langage. L'une d'elle cligna de l'œil à l'autre, sûrement pour lui signifier d'observer, doucement et en cachette, ce bel inconnu au corps musclé. L'autre comprit très vite .Elles étaient devenues expertes dans l'art de la dissimulation et de la discrétion. Dans ce pays, les émotions et les idées ne se partagent pas. Elles se gardent et ne s'extériorisent pas.

Les deux hommes mangèrent la soupe en faisant un bruit de mastication démesuré. La femme les regardait, ils lui répugnaient.

Ils burent, se lavèrent à nouveau les mains et sortirent. Le mari s'essaya la bouche avec sa blouse bleue. Elle imagina une insulte : l’khiss[3], c'est moi qui vais laver ta blouse et tu le sais!».

Elle jeta un regard en direction de sa sœur. Elle lui sourit, elles se comprenaient en silence, toute leur vie elles avaient dû utiliser ce nouveau langage pour communiquer. Elle vint s'assoir près d'elle sur le tabouret. «La graine est prête. On fera la marga[4] cet après midi», pensa t-elle. Elle couvrit la graine de couscous avec un vieux torchon et se tourna face à sa sœur. Elles se regardaient, à présent, elles savaient qu'elles avaient quelques minutes de répit:«tu as vu mlih...l'hajil[5] ». Elles éclatèrent de rire. L'ambiance se relâcha un peu.

 

Deux des filles arrivèrent, elles embrassèrent leur mère et vinrent s'installer autour du plat de graine: «qu'est ce qu'il y a? Interrogea l'une d'elle en arabe, vous avez l'air excitées. Y avait un homme ici?».Elles eurent un fou rire. C'était si rare, un mâle dans le coin. Celui là on ne l'avait jamais vu. Au village tout le monde se connaissait et quand un nouveau venait à passer tout le monde en parlait. «Il est beau, et tu as vu son pantalon comme il lui moulait le corps? Il doit en avoir de grosses», fit la plus âgée des deux. Il y eut un éclat de rire général. Entre filles tout était permis, surtout ce genre de discussion. Faut bien lâcher ses frustrations à un moment donné «Oui c'est vrai il est beau, elles ont l'air pas mal», rétorqua la plus jeune. Ses mains traduisaient ses pensées. Elle fit le geste de deux boules énormes qu'elle semblait tenir fermement et violemment, comme pour accentuer la force de son désir sous-jacent. L'autre la regardait et souriait, pleine d'envie et d'excitation .Elle devait souvent penser au sexe de l'homme, sa forme, sa taille, sa texture et ce que cela lui ferait d'en toucher un. Elle était vieille fille, à son grand malheur et celui de l'honneur de la famille. Elle devait souvent s'ôter ses idées de la tête par peur souffrir encore trop, et les tâches mécaniques finalement étaient une stratégie comme une autre pour ne plus penser à ces choses. «Tu penses qu'il a déjà baisé? Il est jeune», demanda t-elle à sa sœur ainé. «Oui surement, il a dû déjà essayer le cul de sa vache», envoya t-elle crûment. Elles éclatèrent de plus belle. C'était plus fort qu'elles. Les discussions entre filles étaient souvent crues et tournées autour de ce sujet qu'était le sexe, c'était pour elle un moment expiatoire, nécessaire et existentiel. Elles passaient beaucoup de temps à créer des rêves, des histoires sur les hommes, leurs femmes, les voisins. Elles rêvaient quelquefois de leur vie, si elles étaient allées vivre en France comme une autre sœur qu'elles avaient et qui avait immigré là bas, y a très longtemps. En France le sexe n'est pas tabou, s'imaginaient-elles. Il y eut un petit silence. Les mains s'agitaient, se croisaient, caressaient les cheveux, pinçaient les lèvres.

 

La nuit était tombée. Il faisait froid. Un silence s'installa dans la maison. Tout le monde était rentré depuis déjà longtemps. L’homme regardait l'écran de télévision. Aucune émotion ne se dégageait de son visage. Les enfants étaient couchés dans la pièce qui faisait office de chambre. Les deux femmes terminaient de couper en petits morceaux des galettes pour le plat du lendemain.

«Allez, cria l'homme de la femme. Khlass[6] c'est l'heure!» Il voulait signifier à la sœur de sa femme qu'elle devait aller se coucher dans la chambre avec les enfants. Eux dormaient sur un lit dans la pièce de vie commune. Il sortit pour faire ses besoins et laisser le temps à sa femme d'entrer dans le lit.

A son retour, sa femme était allongée dans le lit, affaissé par le poids de son corps. L'autre femme n'était plus là. Il s'approcha du lit, ôta ses souliers, grimpa sur le matelas comme un enfant. S'allongea sur sa femme sans même enlever ses vêtements. Le corps de la femme ne bougea pas. Lui, violemment lui retira sa gaine, il saisit son sexe dur et l'enfonça sans se soucier si le terrain était prêt. Il déchira presque la fente qu'il trouva. Il avait tout les droits. La femme émit un léger cri étouffé, bien évidemment il ne fallait pas qu'on les entende. Il accéléra le mouvement, dans un va et vient individuel. Son souffle à peine perceptible s'accéléra. Elle pensait probablement que cela allait bientôt finir. Elle avait l'habitude. Il poursuivit sa chevauchée. Sa respiration alternait avec des moments d'arrêt où doucement de sa bouche glissait de la salive. Elle subissait. Ça y était, elle le sentait, elle allait enfin pouvoir se libérer. L'homme jouit. Son corps se raidit, il agrippa les bras ballants de la femme inerte et dans un dernier coup, émit un petit cri qui marqua son exploit. Elle pouvait imaginer ce petit rictus sur son visage suintant, après la copulation. Il se retira et dans un soubresaut, son corps s'étala à côté de sa masse. Elle ne bougea plus. Elle ne pouvait pas. Elle se mit alors penser à demain, aux animaux, aux repas, au linge (....).

 

 

 



[1]    Fête du mouton chez les musulmans

[2]    Grand plat servant à contenir la graine de couscous

[3]    Minable

[4]    Sorte de bouillon de légumes

[5]    « Il est beau, l'homme »

[6]    C'est fini !

 

vendredi 12 novembre 2021

VISAGES

 



Toi qui passe, regarde

Regarde ces Visages

Sans retenue

Sans hâte

Sans crainte

Regarde

 

Regarde cette énigme amoureuse

Cette part de ton intimité

Révélée, partiellement dénudée

Pourtant

Pourtant, plus révélatrice que le reste de ton corps

 

Ton visage est ton toi intime

Ta part vivante

Ta part sensible

En lui siègent les organes de tes sens

 

Sur ta peau âgée

Les éléments en constellations

Le nez toujours au milieu

Les yeux tels des sentinelles caressent l'effluve de l'âme

La bouche au Sud ouvre ses portes aux mots et aux mets

Parfois étreint sa jumelle le temps d'un baiser

Les joues patientent dans l'attente d'un éclat de joie

Les oreilles timides s'éventent avec le froid

Le front trace des lignes d'écritures

 

Ah quelle vie que ces Visages !!

 

Toi qui passe, sais-tu que ton visage est amour

Sans amour autour il ne serait que matière

 

Part divine en chacun de nous

Il peut être effacé, manifesté, perdu ou retrouvé

 

Il est dévoilement incomplet

Derrière lui, difficile de se cacher

Et plus tu essaies, plus tu apparais

 

Il est ta vie intérieure, le vivant en toi

L'ange ou le démon peut s’y cacher

Chacun sa lumière

Chacun son ombre

 

Toi qui lis ce peau-aime

Regarde ton visage, ne t'éblouis pas car tu n'y verras plus rien

 

Regarde ton visage, scrute cet astre, lis tes constellations, sonde ton énigme, reconnais-toi dans les traits, sers-toi de tes yeux pour te voir, perce l'invisible dont la clé reste enfouie dans ton propre mystère

 

Capture tes ombres, plonge dans son tissu de soie, éclaire tes passages

Reconnais l'amour d'un regard, saisis cet instant magique de la rencontre avec l'autre-toi

Décrypte son langage

 

Ce visage sache le, n'est pas pour toi, il est pour l'autre

Mais pour le comprendre il faut de la lenteur, du respect, de l'amour






mercredi 12 septembre 2018

Réveil


Chaque matin, à 7 heures tapante, c'est l'heure du combat avec ma couverture corporelle.
Je dois me lever.
Révélation opaque.
Pourtant lasse, quand le réveil sonne et que j'entends cette douce mélodie, mon spectre s'anime.
Subtilement, j'aperçois des lueurs scintillantes.
C'est leur regard spirituel et sémillant, qui surpasse mes visions des dernières traces oniriques.
J'entrouvre alors mes yeux et je laisse pénétrer leur halo.
Alors, me vient en souvenir, leurs rires à leurs arts de vivre et je pense à la belle journée qui m'attend.
Elle au moins est patiente, comblée. Elle sait me caresser et lisser mes sillons. Elle possède le don d'essuyer la fatigue, d'élever et de dénuder ma demeure, de rendre transparente une humeur.
Chaleureusement apparaît, l'image merveilleuse de l'enfance. Celle pour qui je dessine insidieusement mes rides et qui transforme ma fantaisie.
Je suis envahie de clarté.
De mon lit, ma couverture me quitte et se laisse glisser.
Mes pieds touchant à peine le sol s'imprègnent d'une réalité heureuse.
Sournoisement, je souris à mon réveil et je lui réponds qu'il ne m'aura pas cette fois encore.