jeudi 29 mai 2014

Haïkus à partir des oeuvres de Laurent Corvaisier

http://laurentcorvaisier.wordpress.com/



Exposition à la médiathèque de Agde
4 au 27 avril 2013
Merci à Laurent de me permettre l'utilisation de ces images ici. 

mercredi 21 mai 2014

IL EST TEMPS DE CELEBRER CES RIENS QUI FONT UN TOUT...



doucement démarrer l’écriture et jubiler du plaisir à venir, se coucher le soir et apercevoir la lune qui sourit, sentir ses pieds ancrés dans la terre et se rendre compte de son existence, voir sous la douche les trous d’où sort l’eau et laisser le flux drainer les tensions, se concentrer sur sa respiration, sortir en courant pied nu dehors sous les gouttes et sourire à l’arc en ciel qui vient de naître, ne rien attendre, croiser un regard profond et plonger dedans, saisir dans le brouhaha une belle parole, espérer voir en premier une étoile filante et faire un vœu, écouter le bruit lorsqu’on craque une belle cacahuète, masser la chevelure de son enfant, méditer, être fière de s’être débarrassé de sa montre au poignet, marcher pied nu dans le sable, faire ses besoins dans le désert et croiser par hasard un papillon inattendu, rire aux éclats et entraîner les autres avec soi, pleurer en épluchant un oignon et se dire que cela fait du bien de verser des larmes pour rien, écrire une lettre à ceux qu'on aime, être attentive à la pureté du son d’un morceau de papier que l’on froisse, écouter une chanson triste, ne pas résister à l’impossible, regarder les autres vivre, installer le silence au moment du repas et se concentrer sur ce que l’on mange, faire de sa vie un présent au présent, trouver la coiffure qui convient et ne plus s’en soucier, ne rien prévoir, préparer un gâteau en pensant à la chaleur qu’il apportera aussi aux enfants, attendre avec impatience les fourmillements qui vont suivre le piquage des aiguilles sur le corps par l’acupunctrice, s’allonger le soir dans son lit en imaginant la détente certaine, avoir la force et le courage de dire non à son ordinateur et ne pas l’allumer pour voir ses mails, être bienveillant, éteindre son téléphone portable le soir et l’oublier parfois sans avoir l'impression d'être démembré, écrire avec un beau stylo et même dessiner avec, ne pas chercher à savoir le temps qu’il fera et prendre de toutes les façons ce qui viendra, aimer la pluie comme le soleil, photographier des détails, des minuscules choses que personne ne perçoient, contempler, écouter les pas dans les escaliers et imaginer qui cela peut être, préparer un super repas avec des restes et en être fière, s’émerveiller devant un mot d’enfant inventé, peindre avec des couleurs vives et chaleureuses sans règles, ni convention académique, vivre une journée sans contraintes, réussir du premier coup à plier correctement un drap housse, étendre le linge quand il sort de la machine tout propre, caresser entre ses doigts les grains de couscous en pensant à sa mère et à sa vie, admirer une jolie fenêtre et imaginer ce qu’il y a derrière, lire un roman captivant en oubliant les soucis, soutenir le regard d’un chat, pleurer devant un miroir et se trouver belle quand même, découvrir une ville pleine de murs colorés, entrer dans un cimetière et imaginer comment ses gens ont vécus, traverser le brouhaha des aéroports et se sentir en mouvement et connectés avec le monde entier, parcourir un marché et sentir la fraîcheur des fruits, des légumes et s’ouvrir l’appétit, être enlacé, rassuré et revivre ses faiblesses d’enfant, ne pas être en retard quand on est attendu, anticipé les désirs de l’autre, être empathique, voir à travers ses lunettes de soleil quand le soleil tape fort, écouter d’autres langues et se dire que c’est beau, être généreux envers soi-même, plonger dans une rivière glacée après une longue marche en plein été, grimper une montagne plutôt que de la descendre, arriver au sommet pour embrasser le paysage en écartant ses bras, capter la dernière lueur du soleil quand il se couche, s’extasier encore et encore devant le coucher du soleil et se demander pourquoi c’est si merveilleux à chaque fois, recevoir une lettre manuscrite et deviner qui l’envoi, apprendre un nouveau mot, ne pas parler, écouter, deviner d’où vient le chant de l’oiseau, être fière de connaître le nom des arbres, voir apparaître l’étoile du berger et penser aux êtres qui sont partis, se programmer un bon film au cinéma, avoir conscience que les étoiles sont constamment là et que c’est le soleil par son retrait le soir qui les révèlent, imaginer des histoires de gens dans la rue, enfiler un pull en cashmere quand on a froid, faire une chose à la fois, boire un bon verre de vin entre amis, entendre les mouettes le matin qui rappel la mer pas très loin, marcher, marcher, marcher, croquer dans un raisin sucré, croiser le regard de son amoureux et sentir des vibrations dans tous son corps, lâcher de temps en temps et ne pas s’en sentir coupable, manger épicé, aller au restaurant sans savoir à l’avance ce qu’on va manger, savoir que l’on ne peut pas tout contrôler, se sentir légère après une épilation, danser, danser et encore danser sur de la bonne musique vivante et entraînante, apprécier l’amertume des endives, connaître sa chance, apprendre à lire la carte du ciel où que l'on soit, ôter ses chaussures de marche après une longue randonnée et enfiler ses tongs en observant ses doigts de pieds se déployer, entendre le grésillement d'un appareil à disque vinyle, faire frire des oignons et tendre l'oreille au son que cela fait et les ré ouvrir car « attention les frelons attaquent », participer au suicide sur le pare brise d'insectes volants quand la voiture roule sur l'autoroute en inspirant parce que la vie coule toujours, écouter ce bruit franc avec recueillement, allumer un encens et attraper les premières volutes odorantes, garder le sourire en marchant, tomber de sommeil en vrai quelques secondes après s'être mis au lit, contrôler sa colère même si c’est rare, faire des bulles avec son chewing-gum même si cela n'est pas très élégant, surprendre un paon crâner, écrire sur la buée de la fenêtre « bonjour », essayer un nouveau stylo en écrivant toujours la même phrase « bonjour je m'appelle.... »avoir conscience que l'on va vers la sagesse, ne pas trop parler de soi, découvrir une nouvelle ville, faire l'étoile de mer dans l'eau et enfoncer ses oreilles jusqu'à n’entendre que sa respiration amplifiée, jouer avec le sable chaud, trouver la bonne position sur un siège, être seule et aimer la solitude, se faire masser les pieds longtemps, s'offrir des fleurs, percer le silence de la neige, vivre l'émotion de voir la chute d'une feuille en automne et se dire qu'elle va nourrir ce même arbre, rire d'un bon fou rire, savoir que le bonheur ne s'arrête pas et que rien n'est grave...