jeudi 12 juillet 2012

Clair de lune


Soir.
Le soir s’est cassé la figure.
ILS. Les amants se délient dans la sombre nuit.
Descente dans la palmeraie, à pied au détour de la ville qui reste accrochée au sommet.
ELLE. Elle s’accroche à sa main. Elle proclame intérieurement son alarme dans la force de sa poigne. Crainte se partage en mille morceaux, se diffuse dans son corps, dans ses veines, dans le sien à lui.
ELLE. Les sables coulant sous ses pieds durcissent ses traits agités. Ils l’entrainent, dégringolent avec elle. Mais LUI la retient avec force. Les bras flagellants de l’amante broient des incantations, des prières.
Insensé crescendo des sens entremêlés. L’élévation froisse et dilue sa raison. Inattendue voile sombre.
ILS. Ils se sont fait piéger par la belle en robe noire, la tueuse de couleurs.
PEUR. Son venin triture ses viscères. Pourtant l’écho des larmes n’arrive pas à déchirer la lune, mi-sombre mi-démon. De lourds pas élèvent le corps plombé, foulées qui écrivent, à l’encre de la sueur froide, l’affolement imminent.
IL. Des mots sans sons dans sa bouche neutralisent le silence, mais pas l’effroi. Elle. Elle se retient de dire sa fragilité. Elle imagine des histoires qui se relatent d’elles-mêmes, écrites pour elle dans cette nébulosité incertaine. Loup-garou se cache derrière la lune.
Peut-être. Peut-être.
Les arbres se dressent au garde à vous. Les palmes insolentes tremblent d’acidité piquent la pointe de leur dos. Le dos secrète sa peur. Les bosses de terres sur le sol aérien naissent au pas des marcheurs. Le vertige vole leur pesanteur.
 IL. Il parle pour rien, il essaie de violer la nuit, il veut l’humilier et la soumettre par ses mots d’une banalité vaporeuse. La peur ne marche pas, elle court toujours insidieuse, mais belle.
Au loin. Les arbres irrévérencieux s’inclinent, courbent leur échine face au désert qui renait des cendres du feu éteint. Platitude de l’espace. La nuit s’allonge sur le lit de sable. La lumière s’instruit peu à peu, laissant la place aux étoiles qui scintillent. Sueur frileuse qui glisse de la colonne vertébrale. Le noir clair obscurcit davantage son cœur. Peur se liquéfie. Un Silence écarte ses bras. Cœur se dilate dans son ventre pour dénouer ses crochets. Entre les arbres, l’écorce se déchire délicatement, cristallise les peurs. Le désert apparait sous leurs yeux qui s’éclairent. Elle. Elle voit enfin le bruissement du vent qui frôle son visage, le capture.
La Main réchauffe, balaye, force la fuite des frissons. Elle. Elle ne ment pas, elle singe un songe pour contrer ses folles dernières images qui hantent son esprit.
Balayage. Ils se retournent pour regarder la lune lunatique.
1
La lune qui écrit de droite à gauche ici leur dit bonne nuit.
Calligraphie nocturne.
Bonne nuit.
Nuit.