Soir.
Le soir
s’est cassé la figure.
ILS. Les
amants se délient dans la sombre nuit.
Descente
dans la palmeraie, à pied au détour de la ville qui reste accrochée au sommet.
ELLE. Elle s’accroche
à sa main. Elle proclame intérieurement son alarme dans la force de sa poigne.
Crainte se partage en mille morceaux, se diffuse dans son corps, dans ses
veines, dans le sien à lui.
ELLE. Les
sables coulant sous ses pieds durcissent ses traits agités. Ils l’entrainent,
dégringolent avec elle. Mais LUI la retient avec force. Les bras flagellants de
l’amante broient des incantations, des prières.
Insensé crescendo
des sens entremêlés. L’élévation froisse et dilue sa raison. Inattendue voile
sombre.
ILS. Ils se
sont fait piéger par la belle en robe noire, la tueuse de couleurs.
PEUR. Son
venin triture ses viscères. Pourtant l’écho des larmes n’arrive pas à déchirer
la lune, mi-sombre mi-démon. De lourds pas élèvent le corps plombé, foulées qui
écrivent, à l’encre de la sueur froide, l’affolement imminent.
IL. Des mots
sans sons dans sa bouche neutralisent le silence, mais pas l’effroi. Elle. Elle
se retient de dire sa fragilité. Elle imagine des histoires qui se relatent
d’elles-mêmes, écrites pour elle dans cette nébulosité incertaine. Loup-garou
se cache derrière la lune.
Peut-être.
Peut-être.
Les arbres
se dressent au garde à vous. Les palmes insolentes tremblent d’acidité piquent
la pointe de leur dos. Le dos secrète sa peur. Les bosses de terres sur le sol
aérien naissent au pas des marcheurs. Le vertige vole leur pesanteur.
IL. Il parle pour rien, il essaie de violer la
nuit, il veut l’humilier et la soumettre par ses mots d’une banalité vaporeuse.
La peur ne marche pas, elle court toujours insidieuse, mais belle.
Au loin. Les
arbres irrévérencieux s’inclinent, courbent leur échine face au désert qui renait
des cendres du feu éteint. Platitude de l’espace. La nuit s’allonge sur le lit
de sable. La lumière s’instruit peu à peu, laissant la place aux étoiles qui
scintillent. Sueur frileuse qui glisse de la colonne vertébrale. Le noir clair obscurcit
davantage son cœur. Peur se liquéfie. Un Silence écarte ses bras. Cœur se
dilate dans son ventre pour dénouer ses crochets. Entre les arbres, l’écorce se
déchire délicatement, cristallise les peurs. Le désert apparait sous leurs yeux
qui s’éclairent. Elle. Elle voit enfin le bruissement du vent qui frôle son
visage, le capture.
La Main
réchauffe, balaye, force la fuite des frissons. Elle. Elle ne ment pas, elle
singe un songe pour contrer ses folles dernières images qui hantent son esprit.
Balayage.
Ils se retournent pour regarder la lune lunatique.
1 |
Calligraphie
nocturne.
Bonne nuit.
Nuit.
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