dimanche 30 décembre 2012

La Nature s'écrit





PARENTHESE

Apaisement

Lent

Le temps s’allonge sur un divan divin

Tout semble simple et réalisable

Dans un espace qui s’étire, Cronos nous craint
Que dire ?

S’affranchir de l’espace pour se rire du temps ?

Quand tout se tient ?

Ralentir  pour contrer l’intervalle continuant à l’infini ?

D’un point à un autre 

La vie se tricote 

Laissant sur la route des coutures visibles de son passage



Porte bien gardée-Au Diable Vauvert
                                                                                                                                   

Lent ou rapide

La parenthèse arrête

Le temps d’un  soupir.
                                               (...)                                                                                                          
à
 Vauvert



jeudi 27 décembre 2012

Au Diable Vauvert

Mouche endiablée



BALADE DES-MOTS-NIAQUE !

Depuis mon arrivée dans ce lieu d’écriture
Une mouche
Sur mon ordinateur elle s’est posée maintes fois
Je croyais que j’étais seule
Entre moi        

Est-ce l’incarnation du diable qui tourne autour de mon écran ?

Mes doigts ont du mal à imprimer mes idées
Je bloque au Diable Vauvert 
Par la fenêtre entre-ouverte des bruits pénètrent
Nouveaux à mes oreilles
Je me lève pour discerner les sons, rien n’y fait.

Sur mon écran rien ne s’inscrit, ni le temps, ni la vie.
La mouche est toujours là
Tournoie
Le diable s’habille en mouche !

Ses pattes noires veulent écrire sa présence
Ou veulent effacer la mienne ?
Qui sera le plus fort ?

Je laisse la fenêtre ouverte afin de lui offrir une issue plus digne.
Je sors retrouver du sens.

Mes pas sur le bitume
Frottement des vêtements
Corps qui se touche

Les couleurs du temps
En forme de cisailles dans les vignes
Bruyance du soleil en hiver

Les fils d’araignée me barrent la route
Éclairées par les rayons de l’astre perdu
Ils rivalisent avec les fils électriques

Les chevaux tranquilles de Camargue
Sont immobiles, statufiés
Se remplissent du soleil inattendu
Les battements de leurs paupières
S’allient à la langueur du temps
Quelle lenteur silencieuse !

À gauche à droite
Quelle direction prendre
Sur le bord
Sur le rivage des routes
Des rosiers
Des roselières
Des barbelés épineux
Des pissenlits jouissants 
Du crottin de cheval
Des oliviers alignés en rang d’oignons
Au loin des voix d’adultes
Y a-t-il du monde dans ces plaines camarguaises ?

Le chant du coq
À 11 heures du matin
Chacun son rythme !

Mes oreilles sifflent
Est-ce le coq qui pense à moi
Le coq, j’entends le coq
Échos de plusieurs chiens au loin
Cocorico

Des sarments de vignes
Comme des sculptures
De la terre jaillissent

Sur le crottin de cheval
Du givre
Étonnante vision
Des crottes encoconnées
Cocon de crottes
Pissenlit va naître

Des chevaux noirs maintenant
Pas si raciste que ça le coin !

Sur la route, des sapins
D’Alep peut-être
Ou bien des épicéas tout simplement

Joli sapin seul dans un coin
Noël se sent tout proche
Qui l’a posé là ?

Bonjour âne caché
Lui aussi ne réagit pas
Une oreille se dresse en avant
Une oreille s’en va
Il tend l’oreille avant de tendre l’œil

Des virages,
Des fils d’araignée
Que je détruis au passage
Des feuilles mortes
Résistent
Quelques baies rouges aussi
Des cynorhodons ? Les yeux du diable ?

Bruits d’eau, une source se cache
Peut-être
Je voudrai le croire

Il fait chaud
Je retire mes gants pour toucher la nature
Afin qu’elle me touche à son tour
Je traverse une allée de bambous séchés
De jeunes bambous vivants
C’est frais, enfin !

Une maison abandonnée jaillit du paysage
Une visite ?
Non les herbes l’habitent
Maison herbivore

Un vieux monsieur me dépasse
Avec son vélo
Il me salue de sa tête
Un papillon blanc le poursuit
Zigzag

Klaxon klaxon
Un autre monsieur au casque rouge et au scooteur rouge
Veut me prendre sur son engin
Je lui dis non de la main
Un diablotin en scooteur ou le père NoËl ?

Quelle chaleur !
Je dé6zippe ma fermeture éclair
C’est beau la lumière

Je coupe par un sentier bordé d’arbres aux troncs blanchis
Chimie
Je vaque, je suis en vacances du quotidien,
Des lois du travail,
Des enfants.


De la gadoue partout
La terre est sombre
Des empreintes de chevaux et de chiens
Impriment le sol

Des cyprès au beau milieu d’un champ

Coup de feu de chasseurs
La forêt est mouillée
Les étangs s’étendent
Les arbres sans feuilles
Se nourrissent-ils de l’eau ?
Où sont les oiseaux ?
Inondations ? Bassins ?
Là, un chasseur au loin
Avec son chien

Je crois que je vais m’en aller 
Je crois que je vais m’en aller

Je ne veux pas recevoir
Une balle perdue
Mes enfants seraient tristes
Et quelle idée
De mourir par un beau temps comme ça
Puis je n’ai pas fini d’écrire

Que cherche-t-il ?
Chasseur avec son fusil
C’est la guerre
Coup de feu
Quelle connerie la chasse !

Les oiseaux se sont cachés
Pour vivre
Non pour mourir

Un étau dans ma poitrine
L’idée de la mort
Me serre

Par crainte, je rebrousse chemin
Sortir de ces battus
De ces sentiers


 Mes pensées s’éloignent aussi, je poursuis ma route en me dirigeant vers ces volutes de fumée blanche au loin comme des messages.
Fumées blanches : victoire
Fumées noires : défaite

Un feu crépite
Brûlant

Je souris aux démons qui devant ces lieux sont sortis de leur corps, le mien.

Je retrouve mon écran, la mouche noire virevolte toujours, mais sur le blanc de l’écran ce sont mes traces qui s’impriment, de façon insensée.

Merci à la mouche,
À Marion,
À son équipe que je ne connais pas encore,
À la personne qui entretient le studio,
À Pierre qui m’a mis en contact avec Marion,
A Snoot et sa présence discrète et pertinente (je ne savais pas que je pouvais apprécier la présence d’un chat !)
À la nature qui m’enrichit,
À cette solitude nécessaire et permise qui m’autorise à m’extraire de ma tribu pour m’écrire un peu,
Aux diables verts, rouges, jaunes, multicolores, noirs, blancs, à scooteur, à vélo…   !

Je ne connais que très peu de choses de ce lieu, de ces gens qui l’animent et l’habitent, mais ce que j’ai ressenti très vite, c’est l’humanité et la présence très forte dans ces atmosphères d’une énergie mystérieuse qui a porté mes doigts, mes mots, mes idées et mes pensées sur cette feuille blanche et plein d’autres ! In Ch’ Allah!!!!

Karima HADJAZ  présente du 22 au 28 décembre 2012

Bonne année !