Mouche endiablée |
BALADE
DES-MOTS-NIAQUE !
Depuis mon arrivée dans ce lieu
d’écriture
Une mouche
Sur mon ordinateur elle s’est posée
maintes fois
Je croyais que j’étais seule
Entre moi
Est-ce l’incarnation du diable qui
tourne autour de mon écran ?
Mes doigts ont du mal à imprimer mes
idées
Je bloque au Diable Vauvert
Par la fenêtre entre-ouverte des bruits
pénètrent
Nouveaux à mes oreilles
Je me lève pour discerner les sons, rien
n’y fait.
Sur mon écran rien ne s’inscrit, ni le
temps, ni la vie.
La mouche est toujours là
Tournoie
Le diable s’habille en mouche !
Ses pattes noires veulent écrire sa
présence
Ou veulent effacer la mienne ?
Qui sera le plus fort ?
Je laisse la fenêtre ouverte afin de lui
offrir une issue plus digne.
Je sors retrouver du sens.
Mes pas sur le bitume
Frottement des
vêtements
Corps qui se touche
Les couleurs du temps
En forme de cisailles
dans les vignes
Bruyance du soleil en
hiver
Les fils d’araignée
me barrent la route
Éclairées par les
rayons de l’astre perdu
Ils rivalisent avec
les fils électriques
Les chevaux
tranquilles de Camargue
Sont immobiles, statufiés
Se remplissent du
soleil inattendu
Les battements de
leurs paupières
S’allient à la
langueur du temps
Quelle lenteur
silencieuse !
À gauche à droite
Quelle direction prendre
Sur le bord
Sur le rivage des routes
Des rosiers
Des roselières
Des barbelés épineux
Des pissenlits jouissants
Du crottin de cheval
Des oliviers alignés en rang d’oignons
Au loin des voix d’adultes
Y a-t-il du monde dans ces plaines
camarguaises ?
Le chant du coq
À 11 heures du matin
Chacun son rythme !
Mes oreilles sifflent
Est-ce le coq qui pense à moi
Le coq, j’entends le coq
Échos de plusieurs chiens au loin
Cocorico
Des sarments de
vignes
Comme des sculptures
De la terre
jaillissent
Sur le crottin de cheval
Du givre
Étonnante vision
Des crottes encoconnées
Cocon de crottes
Pissenlit va naître
Des chevaux noirs maintenant
Pas si raciste que ça le coin !
Sur la route, des
sapins
D’Alep peut-être
Ou bien des épicéas
tout simplement
Joli sapin seul dans
un coin
Noël se sent tout
proche
Qui l’a posé
là ?
Bonjour âne caché
Lui aussi ne réagit pas
Une oreille se dresse en avant
Une oreille s’en va
Il tend l’oreille avant de tendre l’œil
Des virages,
Des fils d’araignée
Que je détruis au passage
Des feuilles mortes
Résistent
Quelques baies rouges aussi
Des cynorhodons ? Les yeux du
diable ?
Bruits d’eau, une
source se cache
Peut-être
Je voudrai le croire
Il fait chaud
Je retire mes gants pour toucher la
nature
Afin qu’elle me touche à son tour
Je traverse une allée de bambous séchés
De jeunes bambous vivants
C’est frais, enfin !
Une maison abandonnée
jaillit du paysage
Une visite ?
Non les herbes
l’habitent
Maison herbivore
Un vieux monsieur me dépasse
Avec son vélo
Il me salue de sa tête
Un papillon blanc le poursuit
Zigzag
Klaxon klaxon
Un autre monsieur au casque rouge et au scooteur
rouge
Veut me prendre sur son engin
Je lui dis non de la main
Un diablotin en scooteur ou le père
NoËl ?
Quelle chaleur !
Je dé6zippe ma
fermeture éclair
C’est beau la lumière
Je coupe par un sentier bordé d’arbres
aux troncs blanchis
Chimie
Je vaque, je suis en vacances du
quotidien,
Des lois du travail,
Des enfants.
De la gadoue partout
La terre est sombre
Des empreintes de chevaux et de chiens
Impriment le sol
Des cyprès au beau milieu d’un champ
Coup de feu de chasseurs
La forêt est mouillée
Les étangs s’étendent
Les arbres sans feuilles
Se nourrissent-ils de l’eau ?
Où sont les oiseaux ?
Inondations ? Bassins ?
Là, un chasseur au loin
Avec son chien
Je crois que je vais m’en aller
Je crois que je vais m’en aller
Je ne veux pas recevoir
Une balle perdue
Mes enfants seraient tristes
Et quelle idée
De mourir par un beau temps comme ça
Puis je n’ai pas fini d’écrire
Que cherche-t-il ?
Chasseur avec son fusil
C’est la guerre
Coup de feu
Quelle connerie la chasse !
Les oiseaux se sont
cachés
Pour vivre
Non pour mourir
Un étau dans ma poitrine
L’idée de la mort
Me serre
Par crainte, je
rebrousse chemin
Sortir de ces battus
De ces sentiers
Mes pensées s’éloignent aussi, je
poursuis ma route en me dirigeant vers ces volutes de fumée blanche au loin
comme des messages.
Fumées blanches : victoire
Fumées noires : défaite
Un feu crépite
Brûlant
Je souris aux démons qui devant ces
lieux sont sortis de leur corps, le mien.
Je retrouve mon écran, la mouche noire
virevolte toujours, mais sur le blanc de l’écran ce sont mes traces qui
s’impriment, de façon insensée.
Merci
à la mouche,
À
Marion,
À
son équipe que je ne connais pas encore,
À
la personne qui entretient le studio,
À
Pierre qui m’a mis en contact avec Marion,
A
Snoot et sa présence discrète et pertinente (je ne savais pas que je
pouvais apprécier la présence d’un chat !)
À
la nature qui m’enrichit,
À
cette solitude nécessaire et permise qui m’autorise à m’extraire de ma tribu
pour m’écrire un peu,
Aux
diables verts, rouges, jaunes, multicolores, noirs, blancs, à scooteur, à
vélo… !
Je ne connais que très peu de choses de
ce lieu, de ces gens qui l’animent et l’habitent, mais ce que j’ai ressenti
très vite, c’est l’humanité et la présence très forte dans ces atmosphères
d’une énergie mystérieuse qui a porté mes doigts, mes mots, mes idées et mes pensées
sur cette feuille blanche et plein d’autres ! In Ch’ Allah!!!!
Karima HADJAZ présente du 22 au 28 décembre 2012
Bonne année !
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