dimanche 9 juin 2013

VERTIGE
Aucune forte émotion ne me submerge. Condition pour écrire les mots de l’âme, pourtant. Je stagne dans mes eaux calmes, aucune force ne libère mes sens.
Je reste placide.
Les mots écrits au fil de ma mine ne sont pas passionnés, affolés. Juste un tracé correspondant à un ronron dans ma tête.
Je connais le lieu de mon écriture, mais il faut s’y rendre, réveiller, secouer les sommeils. Je veille pourtant sur lui.
Je lutte contre l’attente puisque ces mots s’écrivent. Des mots banals, sans gravité, sans transport, juste un chemin, une ligne droite, une seule issue. S’arrêter d’écrire ? Baisser les bras ? Suspendre la lutte ?
Je rentre à l'intérieur de moi, jette à la poubelle les essais, tente une autre aventure… c’est dur ! Je ne dois plus penser, mais être sur scène, jouer, arrêter de me voir écrire. Le désir va s’animer, l’orgueil s'exprimer, les lignes se remplir, les mots se parler.
L’écriture s’encrer.
J’observe la lampe au-dessus de ma tête. Vit-elle ? Elle éclaire ma page, rend lisibles mes tracés, permet la vision. Elle est une boule de feu semblable au soleil qui lui laisse le relais. Je l’incline pour la laisser déposer son halo uniforme sur ma feuille de papier jauni. Elle n’a pas d’ombre, sauf si je le décide. Elle est jour la nuit et nuit le jour. Elle m’aide à y voir… plus clair. Elle m’embrouille peut être aussi. Artificielle et nécessaire : sans elle mon chemin se perd sur la page. 

Vertige du noir sur la feuille blanche quand tout s’éteint dans ma tête.

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