lundi 13 octobre 2014

Coton blanc ou (100% coton)



Si tu viens à passer par la cité Arc en Ciel ne cherche pas de blanc, t'en trouveras pas. Le seul blanc de la cité, c'est François.

François m'a dit que lorsque l'on sera adulte on pourra choisir de vivre ici ou ailleurs.
Moi je veux vivre ailleurs.
Les couleurs c'est beau mais c'est encore plus beau quand elles sont mélangées.
Par exemple, moi je suis brune, marron quoi! Il paraît que l'on obtient le marron en mélangeant toutes les couleurs. Mais les gens eux préfèrent voir que je suis foncée. François, lui, voit les couleurs en moi.
Il paraît aussi que le blanc n'est pas une couleur. Moi je trouve que s'en est une. C'est celle du lait, du coton, de la pureté du cœur de François.

Un jour on habitera ensemble comme cela on inventera plein de nouvelles couleurs.

Il y a longtemps que mes parents vivent à la cité Arc en Ciel. Ils sont arrivés là par bateau avec rien du tout. Je n'étais pas encore née. Ils ont fait plein d'enfants par la suite. J'ai du mal à imaginer maman, papa et mémé Nadjati avec rien et sans enfants.

Papa me montre quelque fois des photos de là-bas. 
Souvent il pleure après. Je ne sais pas pourquoi. Il ne dit pas grand chose papa, d'autrefois.
Alors je demande à Mémé Nadjati de me raconter. Elle m'assoit sur ses genoux et me chante la langue de mes parents. Je ne comprends pas tout mais c'est beau.

Elle ressort l'album photos et me raconte les couleurs, les parfums, les saveurs de leur pays.
Sur une des photos maman apparaît comme une fleur, elle était belle. Elle portait une robe légère  plein de couleurs dessus. Ses pieds étaient chaussés de sandales, on pouvait voir ses petits pieds respirer. Elle n'avait pas de foulard sur la tête comme aujourd'hui. Mémé Nadjati m'explique que les temps ont changés et qu'ici, en France qu'on soit voilé ou pas on nous voit de la même manière, on est des étrangers.
Alors je crois que maman préfère se cacher et rester discrète. Quand je la regarde maintenant je trouve qu'elle est vraiment différente.

Alors, pour aller voir François je décide de mettre un voile sur la tête. Comme maman je passe un trait sous mes yeux avec un crayon de Khôl. Il paraît que cela les nettoie et qu'on y voit mieux après. Comme ça je pourrais mieux voir les couleurs de François.

François habite au troisième étage de mon immeuble. L'ascenseur est cassé. Dans l'escalier cela sent mauvais et des déchets traînent sous mes pieds. Sur le pallier, le chien de François m'accueille gentiment.
C'est le père de François qui ouvre.
-Bonjour Monsieur, est ce que François peut venir jouer avec moi?
Il fronce les sourcils, soucieux. Il ne me répond pas mais de la porte il crie très fort:-François, c'est pour toi.
Je baisse la tête, j'ai un peu  honte mais je ne sais pas pourquoi, peut être mon foulard?
Je sens qu'il ne m'aime pas.

Avec François je sais que je suis moi. Il sait lire en moi. Je suis bien avec lui.

Quelque fois on s'amuse à s'écrire même si nous habitons le même immeuble.
De sa chambre, il laisse descendre un petit panier avec une corde jusqu'à mon étage, au premier. Il m'envoie des lettres, des cadeaux. On s'invente des poèmes, des chansons, de rêves, des vies. On s'est inventé une adresse à chacun: celle de François c'est Rue de la poussière étoilée et la mienne Rue des dunes fantastiques.

Ce matin j'ai reçu un petit paquet dans le panier.
C'était un petit sac avec plein de pétales de toutes les couleurs.   
J’ai vidé le sac par terre, on aurait dit un arc en ciel. Dans ma chambre cela sentait drôlement bon. 
J'ai fermé mes yeux et les couleurs étaient toujours là.

Texte écrit ( il ya a 5 ans) à partir d'un album jeunesse de RASCAL  et GIREL"côté cœur". C'est le point de vue d'un autre des personnages de l'histoire. Celui de la petite fille alors que dans le texte c'est celui de François.  
Douceur (fusain)

lundi 6 octobre 2014

Rêve orangé

Pastel à l'huile/Collage


Ma nuit est peuplée de rêves... évanescents quand la vigilance se manifeste.
Les rêves sont les garants d'une douce nuit dans les profondeurs de cet inconscient qui disparait le jour.
Le matin doux, aux bras de l'être aimé, dessine un nouveau bonheur.
Le vent ne fait pas grincer, il polit les sentiments, affine les sensations et balaye les tensions.
Il passe chantonnant son essence sur les pleins qu'il rencontre, les inclinant par sa force tranquille.
La Nature a choisi de ne pas se taire.
Elle sait associer les éléments pour faire voyager nos sens à la hauteur de notre être.
La fleur orange est là, sous mon regard, luisante de luminosité.
Le jour l'éclaire, mes yeux ravivent sa beauté, elle aime être vue, regardée.
Ses couleurs soignent l'attente de ce regard.
Elle vit pour plaire, pour embellir et se nourrir des yeux qui se posent sur elle.

samedi 4 octobre 2014

RESPIRE

Pastels à l'huile/Collage
Respire
Écarte les bras du silence.
Offre leur les mots du vent.
Ressource tes élans,
ébruite tes rêves,
caresse tes envies.

L'eau coule dans le centre de ton corps, il draine tes espérances,
donne leur une chance,
procure leur une escale
sur ta rive.

Ouvre les yeux "du dedans"
puise-y tes éléments,
Ton Eau pour suivre ton chemin de vie sans résistance,
Ton Air pour transporter tes fardeaux, tes maux (tes mots)
Ta Terre pour construire un nid
et y reposer ton ventre,
Ton feu pour souffler sur tes flammes en latence,
Ta quintessence pour discerner les forces de l'Univers et croître en Être et en Vérité
                               RESPIRE...
                                                RESPIRE...