Le lever su soleil de Francis PICABIA |
Avant je savais que je ne
savais pas. Enfin je crois. Maintenant je sais que je savais. Enfin
je crois. C’est bizarre. Oui il y a un avant, mais un avant à
quoi.
Le voyage commence alors
pour moi. Je sais même qu’il a commencé il y a très longtemps
sur l’océan mouvementé de mes peurs. C’est déjà un début
d’un avant possible, non ?
Cet avant est peut-être
ce jour où une clé dépliée est passée sous le seuil de ma porte
ventriculaire, cloisonnée depuis une éternité. Une cloison arc-en
-ciel pourtant, si colorée des présents de la vie que je sais
accueillir avec beaucoup de vérité.
Cette clé ouvrirait-elle
la porte de communication entre les deux ventricules ?
Ouvrir. Un mot ouvert. Un
mot large comme l’espace qui apparait sous cet iris en fleur.
J’essaye. La clé
tourne, la porte s’ouvre.
C’est comme si je
rentrais par mon œil, celui du centre. Je glisse dans la
boursoufflure liquide de mon corps. Je coule de ma peau.
Des chemins visibles
s’étalent à perte de vue. Un tapis de miroirs nous invite moi et
mon image à nous rencontrer. J’écarquille mes yeux.
L’œil nu, dénudé doit
retrouver sa convergence, lier les sens, explorer ces nouveaux
espaces. Du déjà vu pourtant s’offre à la vision. J’avance
doucement.
Je jette un coup d’œil
pour faire mal aux sens qui s’éparpillent. J’avance sur la
rotondité de cet espace qui se prolonge à l’infini. Je me regarde
marcher dans le reflet, sur les passages possibles, mes pieds
désormais trempent dans l’eau du miroir. Un miroir en guise de
terre.
Ma peau liquide se confond
à l’espace.
Voir
entre, je vois entre.
Je lève les yeux au ciel,
un ciel sans limite.
En face la nature perchée
m’appelle. Les racines d’un arbre au loin gesticulent pour
m’attirer vers lui. Je m’approche et le touche de ma paume. Il
entre en moi, traverse les lignes de vie de ma main, s’accroche à
mes mémoires enfouies. Je le laisse faire. J’ai trop longtemps
résisté. Il tisse à l’intérieur des lianes pour me raccorder à
moi.
Je m’éparpille et il me
lie.
L’oiseau perché à sa
cime chante. Il m’invite à détendre mes cordes celles qui ont
soutenues ma peau le long du fil à linge de l’existence.
Ouvrir. J’ouvre la
bouche. Je n’entends pourtant pas les vibrations qui traversent mon
âme. Mais, je vois. Je vois une image au sol, une onde se propager,
fluide et claire. Elle suit un chemin qui sort de terre, se soulève
et rejoins le chant de l’oiseau, là-haut, perché. La mélodie
revient par mon oreille qui s’ouvre elle aussi.
Je danse, mes pas portent
mon chant.
Quelle merveille ce monde
Alice !
Le vent s’accroche à
moi.
Je laisse faire.
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