lundi 6 février 2012

Hommage

L'arbre Père
PRÉMONITIONS

Rêves. Je rêve de lui, mon père,
Allongé sur son lit blanc défait.
Je rêve de lui,
Des semaines sans mots
Chacun quêtant la vie dans ses mouvements
Va t-il partir ?
La poursuite de sa vie avec nous est-elle encore envisageable ?

Rêves prémonitoires, une nuit.
Je rêve qu’il m’avertit
De la descente imminente vers l’autre monde.
M’avertir. Pourquoi moi ?
Rêve.
Mise en branle de la suspension du temps pour passer du temps avec lui
Main dans sa main encore chaude de son sang chaud
Douceur des doigts qui ne veulent bouger qu’aux impulsions des paupières
Voix qui doit s’élever pour nous dire au revoir
Il se retient
Attend

Mes rêves s’animent,
Père sur un lit blanc d’hôpital cerné de feuilles
Les mots légers arrivent, s’élancent, s’accrochent aux branches défaites de ses phrases
Il parle, s’émeut, son regard jaillit dans l’écorce
L’arbre pleure, se nourrit de paroles
N’est-ce qu’un rêve ?
Réponse intérieure
Dans le silence des mots sans fin

Réalité, réalité hélas.
La libération est toute proche
Il attendait l’autorisation de partir, de se détacher
Voix tremblante
Les mots sortent de sa bouche
Mots neufs et précieux

Ricochets sur le lac glacé
Il s’était accroché aux ondulations du temps
Dernières saccades
Les feuilles virevoltantes dans la légèreté
De l’arbre enraciné…

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