lundi 20 mai 2013

à nos mères

Le fameux petit banc à Valence
Les unes serrées aux autres
Elles entassent
Des confidences
Des histoires sur le temps
Des secrets
Des rêves
Des larmes coulent parfois
De joie
Celles qui attendaient leur tour
Pour s’exprimer
Au fond de la peine
Qui sans cesse fredonne
Dans leur quotidien
C’est terrible de tout garder pour soi
Il y a des chances
Qu’elles en oublient le temps
Qui passe
Sur le petit banc 


Les champs devant elles
La cuisine est loin
Les mamans aussi
L’imagination se débride
Elles causent
Essoufflent leur révolte
Déplient leur liberté
Froissée
Elles ont les cartes en main
Sur le petit banc

Elle rejoue leur histoire
Goûte le plaisir de la palabre,pour rien
Tête haute
Elles rattrapent leur vie
Pendant de courts instants
Moments pensés ou pas
Cour de récréation
Elles peuvent prendre de la hauteur
S’estimer
Choisir
S’engager
Sur ce petit banc
Les coudes serrés
Elles ne se regardent pas
S’écoutent en miroir
Sonorité reconnue
Elles savent s’éloigner de leurs tumultueuses années
Rire aux éclats
Converser
Avec la ferveur des mots
Alors
Des mots silencieux
S’inscrivent sur le bois généreux qui a grandi
Du petit banc
Marquant l’empreinte des conversations frénétiques
Bois d’argent usés
Pépites d’amitiés lointaines
La vie s’écrit pour elles au conditionnel du « j’aurais aimé… »
Sur le petit banc
De bien grandes joies sont gravées
Dans les cernes
De leurs maux.

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