vendredi 27 novembre 2015

Zinboud*1




Maman disait toujours « quel beau temps ! où quel sale temps ! Ça dépendait du temps et de son humeur.
Moi dans mon coeur, je ne savais pas quel temps il faisait ; il faut dire que je rêvais souvent, ma maman, elle, était dans la réalité.
Un jour j'ai fait un rêve extraordinaire, un vrai, un de ces rêves que l'on répète cent fois au petit réveil pour ne pas l'oublier. Et bien celui-là, je le connais presque par coeur. J'étais en Afrique... au Sahara et je partais en excursion accompagnée de mon tonton et de ma cousine. Un groupe d'inconnus faisait partie de cette aventure.

Là bas, il faisait toujours beau, toujours ensoleillé ; maman aurait eu raison de dire quel beau temps !
Le premier matin, nous avons fait la connaissance de notre chamelier, pas un homme déguisé en chameau, mais plutôt un homme qui connaissait bien les chameaux. Il s'appelait Zinboud*. J'ignore ce que signifie ce prénom, mais cet homme ne souriait jamais. Lui et son chameau ne faisaient qu'un.

*1prenom n’ayant aucune signification.

C'était l'année de mes 15 ans, l'age rebelle il parait.... alors le Sahara
quel ennui ! Du sable la nuit en guise de matelas,
du sable à midi dans les plats, bref... c'était ennuyant et pas très varié comme décor même si quelques fois on s'enfonçait dans le sable.
 Ce voyage c'était l'idée de mon tonton, un cadeau d'anniversaire....Mes bougies je les aurais bien soufflées ailleurs !
Par exemple à Paris, à Barcelone dans une grande ville pleine de gens et non pas au Sahara avec comme compagnie ces chameaux qui passent leur journée à blatérer et à se remplir pour garder leurs bosses bien droites. Les pauvres, j’ai quand même un avantage, je ne vais pas rester ici tout le temps.

De toutes les façons, je ne pouvais pas faire marche arrière. J’étais avec des gens que je ne connaissais pas et en plus ils ne se parlaient pas avec des mots. Ils utilisaient leurs yeux et leurs mains pour se faire comprendre. Moi je ne comprenais rien, mais alors rien du tout.
Ma cousine semblait davantage comprendre que moi. Enfin elle en donnait l'impression. Elle avait deux ans de plus que moi et elle ressemblait à une femme. Moi je n'avais pas envie d'être comme elle. Je décide alors de ne pas suivre le groupe.... enfin pas de prés. Je restais derrière je pouvais voir les gens devant et les chameaux se suivre à la que leu leu. Je respirais très fort, et puis ce n'est pas l'air que j’inspirais, mais la sable... encore du sable.
Un jour, alors que nous étions à table, enfin à sable, un homme de la tribu voisine arriva. Il voulait parler à mon oncle. De loin je les observais, ils gesticulaient et des sourires se dessinaient de temps en temps sur leurs lèvres. Je me rapprochais pour mieux entendre ce qu'ils disaient, mais aucun son ne sortait de leur bouche. Ma cousine non loin de là les observait également, ses lèvres dessinaient des vagues (dunes) de bonheur. Je comprenais encore moins. Les deux hommes ne faisaient que regarder dans sa direction. Que lui voulait-il ? L'homme partit aussitôt.

Plus tard, je découvris qu'il venait la demander en mariage. Quel cauchemar ! Évidemment, mon tonton ne pouvait pas décider à sa place, mais elle, elle était ravie que quelqu'un s'intéresse à elle. Cela me dégoutait. Pourvu que personne ne vienne demander ma main. Autrefois, on disait comme cela, demander la main, car sans doute l'amour devait se transmettre par la main, enfin j'imagine.

Cela faisait déjà sept jours que nous marchions sur le sable, que nous dormions sur le sable, que nous mangions sur le sable et plus le temps avançait plus je m'enfonçais. Je commençais réellement à avoir mal aux pieds et cette chaleur aveuglante me gênait de plus en plus. Je m’ennuyais, rien ne se passait.
                                      

Il était, je crois, treize heures, j'étais assise mâchant du pain chaud cuit dans le sable. C'était les seuls moments où j'ouvrais la bouche. À ce moment, une ombre vint rafraîchir mon corps. Je me retournais plusieurs fois pour voir qui c'était, mais le soleil m'empêché de voir distinctement son visage. Il s'approcha de moi, fit le tour et s'arrêta. Je me levai, fit quelques pas pour me rapprocher de lui et quand il ouvrit la bouche, des mots en sortirent. Je le comprenais. Je répondis avec ma bouche et il sourit. Mes mots parlaient avec les siens. Je ne sais pas pourquoi, à ce moment-là, ma main prit la sienne. Mon corps devint chaud. Très chaud. Le vent souffla à ce moment-là, souleva le voile qui entourait ma tête et la longue robe que je portais sur mes vêtements s'envola aussi. Je retirais mes chaussures afin de sentir le sable et pour une fois quand mes pieds touchèrent le sol brûlant je ne m'enfonçai pas dans le sable. Je flottais. Je sentais l'air entrer dans mes poumons. Ce moment sembla durer une éternité.... quel bonheur !
Après l’éternité arriva le vrai temps. C'est là que maman dirait “quel beau temps ou quel sale temps selon son humeur ? Mais elle n'était pas là. J'étais seule avec lui.


Puis, les mots cessèrent, mon corps parlait avec le sien, je ne sais comment, nos mains s'échangeaient des mignardises et je comprenais tout ce qu'il disait. Ma cousine nous regardait et j'ai cru saisir le temps d'un regard qu'elle ne comprenait rien.

J'étais légère, attendri par les caresses de ses doigts. Tout à coup, le vent souffla plus fort et fit tournoyer le sable. Les dunes changèrent d'aspect. Le froid frôla mes mains, un souffle caressa mon oreille et me réveilla. C'était le chuchotement de maman qui disait :” quel beau temps, joyeux anniversaire ». Elle me secoua tendrement. Je ne voulais pas ouvrir les yeux, car je savais que j’allais perdre la main et que ce n'était pas le Sahara que j’allais retrouver, mais ma chambre. Alors je restais là dans mon lit, les yeux fermés, j'essayais de récupérer la suite de mon rêve pour croire encore à sa réalité. Mais non, la réalité avait raison de moi. Mes yeux finirent par s'ouvrir. Le voile de la nuit était vraiment tombé et je vis le sourire de maman. Je retirai ma couverture colorée vers moi et je me dirigeais vers la fenêtre. Je l'ouvris. J'inspirais longuement et je répétais : « oui maman, quel beau temps !!
       Texte écrit en 2007                    

mardi 24 novembre 2015

L'écoute du regard

Collage:Encre-acrylique


Elle pose le temps sur ses lèvres 
pour contempler les élans de son âme.

mardi 17 novembre 2015

SILENCE s'il vous plait

Encre de chine/Fusain

"Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence."

       Euripide Issue de Fragments

jeudi 12 novembre 2015

Les âmes en allées




 Sur les sentiers, lors de tes errances passagères, quand tes yeux sont plongés dans des pensées noires ou semi-colorées, elle peut se cacher et t’attendre sans te regarder en face. Elle se faufile dans tes orbites, te lave les yeux jusqu’à noyer ta vision, te faire croire à la fin, rendre ton regard vitreux et hermétique à l’extérieur, tel un voile qui s’opacifie au fil de tes marches diverses. Tu finis par sombrer doucement dans son ventre. Dans la chute tu t’imagines que le monde t’en veut, que tu ne sais plus rien faire, tes membres se perdent dans le vide, ton corps tourneboule, aucune prise n'est possible, le trou s’élargit et les parois s’étirent de plus en plus. Tu cries et tu entends uniquement l’écho de ta voix en résonance, un cri terrifiant. Ton corps poursuit sa descente, les lieux s’assombrissent, ta voix devient sourde. Tu as l’impression que tu ne vas jamais atterrir.
Et quand tu touches le sol, il est humide, remplie de larmes.L'arme, la sensation, la substance et l'essence. 
Tu te liquéfie dans elle .
Le sujet coule de tout son être.

Préviously

Re-Composition avec  des dessins "ratés"

Lumineux automne (Bord du Lez)

Tapis Tapis Rouge
Prom'nons nous dans les bois
Confettis
Reflection




Baignade dans la marre

Griffures

Nébuleuses